Me Adrien HOUNGBEDJI est le Président du Parti du Renouveau Démocratique (PRD).
Cette rubrique permettra de connaître d’avantages l’homme, à travers son parcours, ses engagements et ses combats pour l’instauration d’un Etat de Droit ainsi que L’avènement de l’Expérience Démocratique dans notre pays le Bénin. Vous y découvrirez son oeuvre pour une démocratie Béninoise apaisée.
Homme politique endurant et pacifiste dans l’âme
Au bout du quart de siècle de vie politique, l’homme a réussi à se forger une carrure d’homme d’Etat dont la personnalité s’impose comme la solution politique aux nombreux défis et difficultés qui se posent au Bénin du troisième millénaire. Le parcours politique de Me Adrien HOUNDBEDJI, depuis son retour d’exil, ne ressemble à rien, sauf à un champ de mines où à chaque étape franchie, le miraculé ne fait pas des mines.
A chaque fois, il a toujours repris son chemin, sans rancune, comme si de rien n’était. Visite d’un parcours politique pas comme les autres.
Adrien le miraculé
« Patience et longueur de temps valent mieux que force et rage ». Ainsi chutait, dans les colonnes d’un quotidien béninois Les Echos du jour, parution du vendredi 30 avril 1999, le journaliste témoin, à l’hémicycle de Porto-Novo (capitale du Bénin), de l’élection de Me Adrien HOUNDBEDJI à la présidence de la troisième législature du renouveau démocratique qualifiée de « parlement du troisième millénaire ».
On ne vendait pas vraiment cher la peau de Me Adrien HOUNDBEDJI, au regard de maintes déconvenues que l’homme a connues depuis son entrée au gouvernement du Général Mathieu Kérékou en avril 1996, jusqu’au départ collectif des ministres Prd de ce gouvernement deux ans plus tard.
Jusqu’à cette surprenante élection au perchoir de la troisième législature, l’homme s’est muré dans un silence diversement interprété. Son score de 11 députés aux législatives du 30 mars 1999 jugé mitigé par rapport aux 19 sièges acquis en 1995 lui a valu moult sondages défavorables au sein de l’opinion publique, jusqu’aux dernières minutes de sa victoire de ce jeudi 29 avril 1999.
Sans doute que la politique a ses raisons que la raison ignore. Indubitablement, la politique a ses secrets et mystères que mêmes les plus grands initiés percent difficilement. En matière de secret et mystère, l’élection de Me Adrien Houngbédji en est un. Ni l’opposition dont fait partie l’homme, ni la mouvance ne pouvaient, raisonnablement, savourer au préalable une victoire qui se trouvait au bout d’un scrutin à grand suspense.
En effet, sur les 83 députés, les partis de la mouvance présidentielle en comptaient 41 alors que le nombre de voix de l’opposition, à laquelle appartenait alors Me Adrien Houngbédji, se chiffrait à 38, avec comme arbitre les 4 députés de l’Alliance Etoile visiblement difficiles à négocier…
Et pourtant, la surprise a eu lieu. Me Adrien Houngbédji retrouve, ce jeudi 29 avril 1999, le perchoir qu’il a perdu en 1995 au profit de Amoussou Bruno, président sortant de l’Assemblée nationale auquel il succède. Il prenait ainsi, pour la deuxième fois, les rênes du parlement béninois.
Mais pour ceux qui suivent de très près l’antériorité de cet homme, l’élection de Me Adrien Houngbédji n’est qu’un « remake » dans l’histoire de l’Assemblée nationale béninoise, chargée elle-même de surprise.
En 1991, lors des tractations pour l’attribution du perchoir, il a fait preuve de compréhension et de doigté en ralliant l’unanimité faite autour de la candidature de Joseph Adjignon Kèkè. Mais la confusion entretenue par quelques radicaux de la majorité parlementaire de l’époque (à laquelle appartenait Me Houngbédji) n’augurait rien de sérieux pour l’ensemble. Et comme cela se passe généralement, de nouvelles initiatives ont été rapidement prises à l’intérieur du groupe, puis Me Houngbédji a été sollicité, par une majorité plus forte, pour sauver les meubles.
C’est ainsi que Me Adrien Houngbédji a été porté à la tête de la première Assemblée de l’ère du renouveau démocratique. Une législature unanimement reconnue comme étant, jusque-là, la plus élitiste que le Bénin ait connue.
De l’exil à la conférence nationale
Pour avoir posé des actes dans le cadre de sa profession d’avocat, Me Adrien Houngbédji est arrêté. Et condamné à mort, deux fois. Sans procès. Pour sauver sa tête, il s’évade en 1975 de la prison de Porto-Novo. La liberté retrouvée, il prend tout de suite le chemin de l’exil qui le conduit au Gabon, en Côte d’Ivoire et en France où il vit et exerce sa profession d’avocat. A la faveur d’une amnistie décidée par le président Kérékou fin 1989, Me Houngbédji rentre au pays début 1990, mettant ainsi fin à quinze ans d’exil. Il prend une part active aux travaux de la Conférence nationale. D’ailleurs, Adrien Houngbédji fait partie des tout premiers Béninois à croire au consensus proposé par Mathieu Kérékou, et l’un des premiers exilés à rentrer au bercail.
Dans une interview que l’hebdomadaire Jeune Afrique a publiée de lui le 13 novembre 1989, alors qu’il se trouvait encore en exil, l’homme proposait pour son pays l’instauration d’un Etat de droit et le multipartisme politique, le respect des libertés notamment d’expression, la transparence dans la gestion de la chose publique, la séparation de l’Etat et du parti. Me Adrien Houngbédji pensait, déjà, à des «discussions ouvertes à toutes les forces vives du pays, autour d’une table ronde… ». Nous étions le 13 novembre 1989.
Quelques semaines plus tard, le 7 décembre 1989, le régime finissant renonce au marxisme-léninisme et invite les forces vives du Bénin à une conférence nationale dont les travaux ont duré dix jours et scellé définitivement l’entrée du Bénin dans l’ère du renouveau démocratique. Adrien Houngbédji visionnaire ? Difficile de répondre à la question. L’histoire retiendra néanmoins que l’orientation de la Conférence nationale et les décisions issues de ses travaux lui donnent entièrement raison.
De retour au pays, il prend une part discrète mais fort bien active aux travaux de la Conférence des forces vives de la Nation. Son sens du dialogue et son esprit de consensus lui imposent de se désister, à la fin des travaux, au poste de Premier ministre du premier gouvernement du renouveau démocratique qu’on lui proposait, en faveur d’un certain Nicéphore Dieudonné Soglo : « Un compatriote a déjà été proposé et je ne doute pas de sa compétence. Je m’abstiens donc et j’apporte mon soutien au candidat Nicéphore Soglo ». Geste d’une rare élégance, empreint de symbole pour la Conférence nationale dont le maître mot des travaux a été le consensus.
L’homme, les alliances et l’amitié politiques
Une fois l’Etat de droit et le multipartisme instaurés, Me Adrien Houngbédji crée, avec le concours d’autres Béninois partageant sa vision de l’Etat et de la gestion de la chose publique, l’un des premiers partis politiques de l’ère du renouveau démocratique : le Parti du Renouveau démocratique. C’est avec (et sous les couleurs de) ce parti que Me Adrien Houngbédji sollicite depuis 1991 le suffrage de ses compatriotes.
Avec des résultats édifiants sur le réalisme, les idéaux de l’homme, et surtout sur sa capacité à conduire les hommes vers un objectif commun, malgré les obstacles. Cinquième au premier tour des premières élections présidentielles de l’ère du renouveau démocratique (avec 53.187 voix) respectivement derrière Nicéphore Soglo (419.787 voix), Mathieu Kérékou (315.079 voix), Albert Tévoèdjrè (165.174 voix) et Bruno Amoussou (66.053 voix), le président du Prd, avec méthode et patience, a réussi à obtenir progressivement l’adhésion des Béninois à sa cause.
Aux échéances présidentielles suivantes, il se classe 3ème (329.364 voix) au premier tour des présidentielles de mars 1996 derrière Nicéphore Soglo (596.371 voix) et Mathieu Kérékou (567.084 voix). En mars 2001, il occupe la même place (301.979 voix, soit 13,47%), toujours derrière les deux présidents que la Constitution contraint aujourd’hui à la retraite.
C’est dire qu’au Parti du renouveau démocratique, Me Houngbédji aura communiqué son aura, insufflé sa force, son dynamisme qui font aujourd’hui de cette formation l’un des grands animateurs de la vie politique du Bénin.
Un parti que Me Houngbédji n’a jamais voulu sacrifier sur l’autel de ses intérêts personnels, encore moins sur celui des alliances politiques. Même si l’homme reste très attaché aux principes de l’alliance politique, il ne manque pas de souligner la nécessité pour chaque allié de garder son identité.
On se souvient encore, en 1996, des remous soulevés par l’idée de créer la Coalition des forces démocratiques (Cfd), coalition de partis, courants et mouvements politiques ayant permis au Général Mathieu Kérékou de gagner les élections. Me Houngbédji, acceptant d’aller dans ce creuset, a souhaité que son parti garde son identité, y compris sa vision de la gestion de la chose publique et du pouvoir d’Etat, tout en s’associant à toutes les concertations qui permettront de faire du quinquennat du Général une réussite. Cette position mal accueillie vaudra une avalanche d’adversités au parti, à ses militants ministres du gouvernement.
Ces derniers, avec Me Hounbgbédji en tête, seront contraints à la démission le vendredi 8 mai 1998 suite à une réunion du bureau directeur national élargi aux élus du parti, et ce après une analyse approfondie des résolutions issues de la conférence des cadres tenue à Bohicon le samedi 2 mai 1998. Le parti a décidé de mettre un terme à sa participation au gouvernement. Ceci en raison de « l’impossibilité pour le parti de continuer à s’impliquer dans l’action gouvernementale, du fait de son organisation, de son fonctionnement et de ses pratiques devenus incompatibles avec la réalisation des idéaux et du programme du parti. ».
Les coups bas et autres intrigues post électorales auront eu raison de celui dont le ralliement a été très déterminant dans le retour du Général Mathieu Kérékou aux affaires.
L’opposant modéré
Après sa sortie du gouvernement, il entre dans l’opposition et, quelques mois plus tard, prend part aux présidentielles de mars 2001. On savait l’homme très respectueux de ses engagements, mais son esprit de sacrifice pour les alliés politiques est sans commune mesure. Et pour cause.
Dans le cadre des présidentielles de mars 2001, et selon un protocole d’accord signé avec son principal partenaire Nicéphore Soglo, celui des deux leaders qui passerait le cap du premier tour sera automatiquement soutenu par l’autre. Nicéphore Soglo ayant réuni les conditions nécessaires pour aller au second tour s’était retiré à cause « des tricheries électorales ». Bien que l’accord ne prévoyait pas ce cas de figure, le candidat Houngbédji, le 3ème qui devait entrer en compétition contre le Général Mathieu Kérékou, s’est désisté. Il a refusé de prendre la place de son allié politique pour aller au second tour, malgré les pressions venant de toutes parts. Dans sa déclaration de désistement, il précisait : « Classé au troisième rang de par ces élections, j’ai appelé à voter pour le candidat Nicéphore Soglo qui me précédait largement. Je l’ai fait pour être fidèle… De même, je l’ai fait pour respecter mes engagements ». Engagements qui faisaient obligation aux deux candidats de se désister réciproquement pour celui des deux qui serait le mieux placé par les suffrages exprimés. Dans un pays où l’opportunisme est la friandise de l’arène politique, peut-il faire mieux pour témoigner sa fidélité en amitié ?
Dans la crise qui a opposé, vers fin 2001, Rosine Soglo à l’aile dissidente Nathaniel Bah au sujet de la paternité du sigle, de la dénomination et du logo de la Renaissance du Bénin, le parti de Me Adrien Houngbédji a choisi le camp de son allié. Celui du couple Soglo.
Mais contrairement aux habitudes en de pareilles circonstances, Me Adrien Houngbédji, à aucun moment, ne s’est acharné à perturber le gouvernement dans son action, comme l’auraient dicté la rancœur et l’aigreur. Au contraire, sous sa nouvelle étiquette d’opposant, Me Adrien Houngbédji, l’homme de la « démocratie apaisée » a toujours affirmé, sans embarras, son attachement aux principes d’une opposition constructive. C’est qui explique ses « chaleureuses félicitations » à Mathieu Kérékou juste après la proclamation des résultats par la Cour constitutionnelle. Cette position, il la gardera, la concrétisera même à maintes circonstances, au grand dam de certains partenaires de l’opposition.
Les vrais malaises sont apparus avec la visite rendue en février 2002 par Me Adrien Houngbédji à Séfou Fagbohoun, le président du Madep, l’un des principaux partis qui soutiennent le gouvernement.
Il lui est reproché de chercher à s’allier avec la mouvance sans prendre le soin de clarifier sa position avec ses camarades de l’opposition. Face aux critiques acerbes de certains membres de l’opposition, le parti de Me Adrien Houngbédji dénonce ceux de ses camarades de l’opposition « qui ne tirent pas des leçons de l’échec du passé » et affirme opter « pour une opposition responsable, porteuse d’un projet alternatif et apte à rassembler le plus grand nombre. Pour réaliser un tel projet, il faut être capable d’élargir et d’attirer ».
« Si le choix de certains est celui du repli sectaire, il se fera sans nous : le Prd n’est pas un parti satellite », avertit le parti de Me Adrien Houngbédji avant de suspendre, quelques jours plus tard, sa participation aux activités de la Crd (Coordination pour la restauration et la consolidation de la démocratie) « jusqu’à dissipation des confusions et malaises qui règnent au sein de cette structure».
Mouvancier dans les actes
Me Houngbédji ne reviendra plus dans la Crd considérée, à tort ou à raison, comme un marché dans lequel les décisions sont prises à vau-l’eau et où la courtoisie n’est plus de mise.
C’est dans cette ambiance que Me Adrien Houngbédji conduit son parti aux municipales et aux législatives début 2003. Sa liste passe haut-les-mains à Porto-Novo. On était en février 2003.
Mercredi 9 avril 2003 : coup de tonnerre. Me Adrien Houngbédji annonce son entrée dans la mouvance. Dans une déclaration faite à la presse, il s’explique : « La position du Prd est de soutenir l’action du Chef de l’Etat pendant la législature qui va commencer. Notre rapprochement avec le Chef de l’Etat n’est pas dicté par les difficultés de l’opposition actuelle, donc c’est une position que l’on observe depuis au moins deux ans. » Il rappelle, pêle-mêle, les différents signes précurseurs du rapprochement : la reconnaissance par le Prd de la légitimité du chef de l’Etat une fois son élection proclamée, le départ de la Coordination des forces des forces de l’opposition, sa visite aux « adversaires les plus résolus », l’audience accordée au bureau de l’Assemblée de la 3ème législature par le chef de l’Etat presque tous les mois. Pour Me Houngbédji, « le Prd a montré à plusieurs reprises qu’il est un parti de dialogue et de modération. »
Dans la mouvance, Me Houngbédji s’est retrouvé face à un double défi : démontrer qu’il est résolument dans la mouvance et déjouer les coups bas et intrigues de tous ceux que son retour dans le camp présidentiel incommode. Malgré le bon accueil que lui a fait le Chef de l’Etat en nommant quelques mois plus tard un ministre Prd au gouvernement, certains mouvanciers continuent de se méfier de l’homme, au point de tenter d’exclure son parti du regroupement souhaité par le président Mathieu Kérékou. Peine perdue, puisque depuis son entrée dans la mouvance présidentielle, Me Adrien Houngbédji donne des signaux qui ne sauraient tromper sur la détermination de l’homme à cheminer avec le Général jusqu’à la fin de son mandat.
Leçon d’un parcours
A la veille des élections de mars 2001, Me Adrien Houngbédji, dans une interview accordée au journal électronique béninois Le Cordon (parution du 22 février 2001), tirait - déjà ! - les leçons de sa participation au pouvoir : « C’est une leçon positive, en ce sens qu’un homme politique n’est complètement formé que s’il a l’opportunité ou la chance de participer à tous les compartiments de la vie politique nationale. Je crois pouvoir affirmer que je suis un des rares hommes politiques béninois à avoir exercé le pouvoir législatif.
Par conséquent, je pense que ma participation au gouvernement Kérékou correspond à la nécessité d’avoir une formation complète pour espérer gouverner le pays. Cette participation au gouvernement m’a permis de prendre la mesure de ma propre fidélité par rapport à mes convictions. Je suis sorti de ce gouvernement parce que les actes qui y étaient posés, les actions qui y étaient menées étaient contraires à ma conception de l’éthique, à ma conception de la transparence, à ma conception de la bonne gouvernance, de la bonne gestion de l’Etat. »
Voilà l’homme.