Editos

Edito N°16

Edito du Secrétaire Général

"C'est bien de corriger la Lépi mais c'est mieux de sauver les municipales" 

Porto-Novo,  le 10 Avril 2014

Plus d'un an de retard pour des Élections Communales, Municipales et Locales , c'est énorme. Le seul souci de réalisation ou de correction d'un fichier perfectionniste ne suffit pas à justifier une telle dérive. Un blocage très dangereux dans un pays en pleine construction de l'Etat de droit et de la démocratie, considéré comme l'un des fleurons du renouveau démocratique en Afrique. Surtout que personne ne parvient à justifier que des conseils municipaux élus soient maintenus pendant plusieurs mois dans une absence totale de légitimité alors que leurs mandats respectifs sont arrivés à expiration. Les populations ne comprennent pas davantage que des maires, chefs quartiers, conseillers municipaux, communaux et locaux soient maintenus au poste et qu'on ne puisse pas tenir de nouvelles élections afin de pourvoir à leur renouvellement comme cela se fait dans toute démocratie digne de ce nom. 

Admettons que le fichier électoral réalisé dans la confusion et la suspicion et ayant servi aux élections frauduleuses de 2011 ait été déclaré défectueux par l'ensemble de la classe politique, la société civile et les partenaires au développement. Y compris par les acteurs politiques qui ont pu profiter de cette vaste supercherie en 2011. Cet unique prétexte ne justifie pas que le Bénin puisse être incapable de tenir la moindre élection de renouvellement des mandats politiques sur près de trois ans. Un pays qui a pourtant acquis, au sortir de l'historique conférence nationale de février 1990, une grande expérience d'organisation des élections à bonne date, avant l'ère des élections en retard à partir de 2006; et ceci sans recourir à une Lépi dont l'accouchement s'avère de plus en plus douloureux. Comment expliquer à des investisseurs étrangers, des partenaires au développement et à la communauté internationale qu'un pays qui n'a pas connu de guerre, de tremblement de terre ou de graves perturbations sociales en est arrivé à ne plus organiser des élections nationales? Les institutions de la République fonctionnant normalement.

L'ensemble des considérations sus-mentionnées remet au cœur du débat, la préoccupation du PRD de faire tenir les élections municipales dans les meilleurs délais au plus tard en juin 2014, pendant que se poursuivent parallèlement les opérations dites de "correction" de la Lepi. Une manière pour le pays de réaffirmer, vis-à-vis de la communauté internationale, son attachement aux principes cardinaux de la démocratie dont le respect des mandats légaux, à date échue. Ceci étant possible par le truchement d'une loi de sortie d'impasse visant à confectionner une liste consensuelle uniquement utilisable pour les municipales. Une proposition de loi en ce sens est d'ailleurs déposée au bureau de l'Assemblée nationale par les députés PRD en vue de son étude et adoption. Cette position est partagée par une grande majorité de citoyens qui craignent que le processus de correction de la Lepi ne traîne en longueur au point d'hypothéquer la tenue d'autres scrutins d'importance comme les législatives et les présidentielles. Ces opérations correctives ne sauraient tenir en otage, pour longtemps encore, le droit du peuple à désigner ses représentants élus. 

Wabi  KARIM FAGBEMI
Sécrétaire Général du Parti du Renouveau Démocratique