Le landerneau politique est en mouvement. Les démissions et les ralliements tous azimuts emballent l’opinion, signe évident de la recomposition de la classe politique en période préélectorale. La dernière en date est celle de Karamatou Fagbohoun, précédemment leader du Bloc républicain dans la 21ème circonscription électorale qui a tourné dos à son ancienne formation politique pour arborer la tunique arc-en-ciel.
Dans une interview exclusive accordée à la rédaction du Journal « Le Matinal », la nouvelle recrue des Tchoco-Tchoco, dévoile les raisons de son choix politique.
Le Matinal : Quelles sont les motivations de votre adhésion au Prd ?
Karamatou Fagbohoun : Le Prd est un parti qui est sur l’échiquier politique depuis plusieurs années. Cela suppose que les liens que j’ai avec ce parti ne datent pas d’aujourd’hui. Par ailleurs, vous convenez qu’au Bénin, le Prd n’est pas le plus petit des partis. L’appartenance à un parti est libre et c’est une question de conviction. On appartient à un parti parce qu’on soutient la morale et les convictions que ce parti brandit. J’ai aimé la démarche que le Prd a entamée depuis quelques jours dans la consultation des différents organes de base, pour voir si effectivement le chemin qui a été tracé par les responsables du Prd est le chemin que la base veut. Dans la logique du système partisan dans laquelle nous sommes aujourd’hui, c’est la meilleure des choses à faire.
Est-ce que votre base est en phase avec cette orientation que vous avez prise ?
Je vais faire comme l’a fait le Prd. Moi, j’ai choisi ma position donc c’est à eux de s’interroger. S’ils sont en phase, ils vont me suivre. S’ils ne le sont pas, alors chacun ira là où son cœur lui dira d’aller.
Vous vous êtes abstenue de décliner les raisons qui ont motivé votre départ du Bloc républicain. Doit-on conclure que ce sont les corollaires de votre éviction du poste de maire d’Adja-Ouèrè ?
Les raisons sont bien évoquées dans ma lettre de démission. J’ai tout énuméré.
Vous n’êtes pas allée dans les détails.
Les événements depuis 2019 jusqu’à aujourd’hui sont connus de tout le monde. Il suffit de vous rapprocher des responsables du Bloc républicain et ils vont vous les énoncer. C’était publié dans les médias du Bénin. Je ne pense pas qu’il y ait quelque chose qui soit cachée là. J’ai été justement très explicite dans les raisons pour lesquelles j’ai décidé de quitter le Bloc républicain.
Votre décision intervient pratiquement au lendemain de l’annonce faite par le ministre de la Culture Jean-Michel Abimbola de l’imminence du choix de sa prochaine destination politique. Est-ce une coïncidence ?
Vous ne pouvez empêcher des personnes de choisir leurs carrières politiques. Si le ministre Abimbola a décidé au même moment que moi d’afficher sa nouvelle destination politique, c’est une pure coïncidence. Et je pense que lui et moi, nous sommes de grands acteurs politiques de notre pays. C’est même normal qu’à pareil moment, dans notre pays, à l’heure où les cartes politiques sont redistribuées et rebattues, que des gens comme lui et moi, nous nous fixons. Je ne vois pas ce qu’il y a d’étrange dans ça. Si nous n’étions pas des joueurs sur le terrain et que l’un d’entre nous était sur la touche, ce serait normal qu’on ne nous voit pas. Mais à l’heure où on est, ce serait vraiment être aveugle que de ne pas voir que le pays est en train de subir une révolution politique. Et c’est normal que des acteurs comme lui et moi agissent en fonction de ce qui se passe dans l’arène politique. Donc, il n’y a rien de plus simple que ça.
Vous êtes en train de rejoindre indirectement l’Union progressiste par l’entremise du Prd. Le départ du président Idji Kolawolé n’a-t-il pas favorisé ce choix ?
Le président Idji Kolawolé est comme un papa à moi et je ne vois pas exactement en quoi son départ de l’Up peut être un levier qui va m’emmener à venir à l’Union progressiste. C’est des coïncidences de calendrier. J’ai été très emballée par la démarche du Prd et c’est cette démarche que je soutiens et j’encourage. C’est à cette démarche que j’apporte ma pierre pour l’édifice. Maintenant, si un acteur ou un autre quitte la scène ou entre dans la scène, ça c’est vous qui interprétez la chose ainsi. Moi, j’ai mon calendrier, j’ai mon canevas, mon programme et j’avance, c’est tout.
Propos recueillis par Gabin Goubiyi
