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Discours du président Adrien HOUNGBEDJI au 5eme Congrès du PRD

DISCOURS du 5ème congrès ordinaire _ 2021  
 
Monsieur le Premier Vice-Président du Parti, secrétaire général du PRD
Messieurs les Premiers Vice-Présidents
Monsieur le Président du Haut Conseil des Sages
Mesdames, et Messieurs les Vice-Présidents
Mesdames et Messieurs les Membres du Bureau politique
Mesdames et Messieurs les Membres de la Direction exécutive du Parti
Monsieur le Président du Comité d’organisation Mesdames et Messieurs, chers camarades militants à différents niveaux,  
Chers amis


 
Permettez-moi d’abord d’adresser mes chaleureux remerciements à tous nos militants et militantes de l’intérieur du pays et de la diaspora pour leur soutien, leur solidarité et leur accompagnement pendant les moments difficiles que nous avons traversés ces dernières années.
Grâce à chacune et à chacun d’entre vous, nous tenons aujourd’hui notre 5ème congrès ordinaire ce dimanche 19 décembre 2021.
Ce n’était pas évident.


Notre congrès ordinaire est un moment privilégié pour faire le bilan des 4 années passées et pour nous projeter dans l’avenir. Je laisserai à notre valeureux Secrétaire Général, le soin de faire ce bilan. Je ne parlerai du passé que pour en retenir les leçons essentielles.
Ce qui m’importe en effet, c’est l’avenir ; ce sont les perspectives que nous tracerons, conscients que le contexte demeure difficile ; conscients que nos concurrents sont aux aguets, plus outillés que jamais ; conscients enfin que la période qui s’ouvre au lendemain de ce congrès, est une période de compétition préélectorale, puis électorale ; nous n’aurons donc pas de répit au sortir de ce congrès.


La Remontada n’est pas une incantation magique ; encore moins une fatalité. C’est une dynamique au service d’une conviction ; une dynamique propulsée dans l’action après l’analyse et la réflexion. Pour reprendre sur l’échiquier politique et dans les institutions les places qui nous reviennent. Nous le voulons parce que nous le pouvons ; forts de notre cohésion ; forts de notre capacité de travail.


Un travail amorcé et poursuivi non pas tête baissée, mais un travail précédé par l’analyse de nos forces et faiblesses, par une meilleure connaissance du terrain sur lequel nous évoluons ; une meilleure connaissance des enjeux et des mutations à l’œuvre dans notre pays. De cela découlera notre stratégie.
La stratégie elle-même devra tenir compte de la crise politique, sociale, éthique, économique et financière, sanitaire, sécuritaire qui secoue notre région et l’ordre mondial, et qui ne manquera pas d’avoir des répercussions sur le Bénin et la vie de nos concitoyens.


C’est dans ce contexte délicat à tout le moins, que nous devons parler aux Béninois, et les mobiliser sur la nécessité de réussir les réformes entreprises dans notre pays : réformes institutionnelles, réformes de l’éducation et de la politique de formation, réforme du système de santé, réforme de l’administration territoriale, réforme de la justice, réforme du système de sécurité, réforme de la fiscalité et des finances publiques…


Des réformes tous azimuts donc pour le service de l’intérêt général dont l’État est le garant. Réformer est toujours et partout une tâche ardue, complexe, anxiogène. Une tâche source d’incompréhension, de mécontentement ; parce qu’il faut bousculer les vieilles habitudes, bousculer des intérêts particuliers solidement établis.
C’est à cette tâche que se sont attelés le Président TALON et son gouvernement. Avec souvent des succès remarquables dans plusieurs domaines, visibles à l’œil nu. Avec aussi parfois des résultats contestés. La tâche n’est pas facile. Nous devons saluer son courage, rendre hommage à son opiniâtreté.  


Mais, plus que les encouragements et les hommages, nous devons contribuer à renverser les obstacles, à ouvrir la voie du succès, à nous approprier le sens et les objectifs des réformes, comme vous l’avez si bien fait, à notre dernière université de vacances, en levant le voile sur le programme social du gouvernement.
La société dans laquelle nous évoluons est une société d’imperfections. Mais cette société nous offre des espaces pour construire le possible. Le rôle du politique ne consiste donc pas seulement à poser des questions et à dénoncer. Il consiste aussi, partant des situations telles qu’elles sont, et que nous déplorons, il consiste aussi dis-je, à faire des propositions, à imaginer des solutions alternatives.


Et pour cela, il faut dialoguer, rassembler, débattre, convaincre, réconcilier.
Le monde et la société évoluent dans le temps et dans l’espace. Vérité au-delà des Pyrénées, erreur en deçà. Nous devons prendre en compte cette réalité. Non pas pour renoncer à nos convictions, à nos idéaux, mais bien au contraire pour nous donner le pouvoir d’agir sur le cours des choses, susciter les changements qui offriront à nos populations le meilleur vivre ensemble, les meilleures conditions de vie, des droits nouveaux, davantage de liberté, de solidarité, de démocratie.


Au regard des expériences réunies dans cette salle, et dans d’autres salles reliées à celle-ci par visio-conférence; au regard de notre diversité générationnelle, de nos diversités professionnelles, et au regard de notre dénominateur commun qu’est le PRD, c’est un moment d’échange extraordinaire qui nous attend, et qui se prolongera bien au delà de cette seule journée, dans un combat quotidien, courageux, obstiné pour la réalisation concrète de notre idéal, c’est-à-dire l’enracinement de la démocratie, le triomphe de l’état de droit dans notre pays, le respect des libertés fondamentales d’opinion, de pensée, de croire ou ne pas croire, etc…
Bien sûr, le PRD n’a pas le monopole de cet idéal et de ce combat. D’autres forces y sont-elles aussi attelées, mais avec des méthodes différentes des nôtres. Notre spécificité et notre singularité par rapport aux autres partis, c’est que nous avons une histoire collective vieille de plusieurs décennies, vieille de plus de 30 ans. Nous sommes le seul.


Tout au long de son parcours, le PRD a été confronté à toutes les formes d’oppression, sous tous les régimes qui se sont succédés ; non pas que nous ayons violé la loi, troublé l’ordre public, pillés, incendiés, assassinés, cassés les routes. Mais simplement parce que, forts de notre idéal, nous avons voulu préserver notre identité.
Oui, nous n’avons jamais cédé à la tentation de la violence ; Oui, à la violation de nos droits par les pouvoirs établis, nous avons toujours opposé le respect par nous-même de l’état de droit ;


Oui, nous avons toujours été les apôtres du dialogue et de la concertation, au moment où nos homologues ne rêvaient que d’en découdre ;
Oui, nous avons toujours été une force de proposition et non une force de vaine opposition ;  
Sans jamais renoncer à être ce que nous sommes ; sans jamais renoncer à nos valeurs, convaincus que « patience et longueur de temps font plus que force ni que rage ».
Tout cela fait que nous sommes différents. Tout cela fait qu’il y a un ADN spécifique du PRD. Les populations béninoises dans leur conscience profonde le savent, et nous en savent gré.


Nous sommes fiers de ce que nous représentons sur l’échiquier politique national depuis 30 ans. Lorsque les crises sont à leur paroxysme, lorsque les contradictions sont exacerbées, lorsque les pots menacent de se casser, c’est bien souvent le PRD qui les rafistole. Nous avons été bien souvent à l’avant-garde des avancées politiques de notre pays, pour préserver coûte que coûte, la paix et la concorde nationales.
La grandeur d’un parti ne se mesure pas seulement au nombre de suffrages recueillis au cours des élections ; encore qu’aucun parti ne meure d’indigestion pour avoir recueilli beaucoup de voix.


Mais même au chapitre de l’arithmétique électorale, nous ne sommes pas mal lotis. Seuls contre tous, nous avons fait élire des députés dans 5 des 6 départements que comptait notre pays en 1995. Seuls et sans détenir aucun pouvoir, nous avons été des faiseurs de roi aux présidentielles de 1996 ; finalistes aux élections présidentielles de 2006 et 2011.
Et parce que notre parti est un parti qui compte, votre président a été hissé 3 fois à la présidence de l’Assemblée nationale, non pas par la force d’une majorité mécanique que nous n’avons jamais eue, mais grâce au consensus que nous avons réalisé avec d’autres partis qui nous ont appuyés. Je saisis cette occasion pour leur exprimer toute notre gratitude.


Comme vous le savez, pour en finir avec nous, parce qu’au Bénin tout ce qui émerge doit être abattu, nos adversaires n’ont rien trouvé de mieux qu’une loi sans précédent nulle part, pour nous priver du bénéfice des élus que nos électeurs nous ont accordés.
C’est pour vaincre cet acharnement sans fondement contre notre parti, que nous sommes entrés non pas en résistance, mais en résilience.
Oui, nous avons soutenu et continuons de soutenir le Président Patrice TALON avec foi et détermination ; nous avons pratiquement mené pour lui et sa colistière, une campagne que nous n’aurions pas fait pour nous-même. Mais dans le même temps, nous luttons aussi pour reprendre les positions qui nous ont été injustement enlevées.
Oui, nous avons soutenu le Programme d’Action Gouvernemental (PAG) 2016-2021 et à l’occasion de notre dernière université de vacances, nous avons déjà commencé à soutenir le PAG 2021-2026. Mais nous nous battons aussi pour notre retour à l’Assemblée nationale ; pour notre retour à la tête de nos communes.
En démocratie, chacun doit occuper la place que lui accorde le suffrage des électeurs.


Notre résilience a pris fin le 6 février 2021 à notre dernier congrès extraordinaire, et aux élections présidentielles du 11 avril 2021. Nous avons mouillé le maillot autant que quiconque, sinon mieux, au profit du Président TALON et de sa colistière.
Le PRD est, depuis lors, membre à part entière de la MOUVANCE, soutien indéfectible du Président TALON, mais toujours jaloux de son identité.
Le Président TALON l’a reconnu en désignant un des nôtres dans son gouvernement. La résilience est terminée, c’est une nouvelle page qui s’amorce.
Je disais, à l’entame de ce discours, que la REMONTADA n’est pas une incantation ; c’est un défi lancé à nous-même.
Nous remonterons parce que nous travaillerons. Nous réussirons parce que nous voulons nous réconcilier avec tous nos frères et sœurs qui nous ont quittés par incompréhension.


Nous remonterons parce que nous aurons rassemblés autour de nous, un plus grand nombre de Béninois.
La réconciliation est une impérieuse nécessité ; divisés, éparpillés, nous aurons du mal. Réconciliés et unis, nous déplacerons les montagnes.
Rassembler est aussi une impérieuse nécessité ; pour prouver aux yeux du monde, que nous sommes un parti de dimension nationale. C’est pourquoi nous devons ouvrir largement notre parti à la diversité du peuple béninois, que cette diversité soit géographique, sociale, professionnelle, de genre ou d’origine, d’âge et d’expérience, de croyance ou d’engagements.
Oui, pour réussir le pari de la REMONTADA, le PRD doit cesser d’être regardé comme une enclave, mais plutôt comme la vitrine et l’expression de la diversité de notre peuple.
Il nous en coûtera certainement. Mais cette mutation est nécessaire pour sceller le retour du débat démocratique sain ; pour sceller le respect plein et entier des contradictions de notre peuple.
 
     
Chers amis
Cela fait 32 ans, une éternité en politique, que je dirige ce merveilleux parti, créé pour conquérir et exercer le pouvoir d’état. Nous avons fait de notre mieux sans y parvenir.
Je mesure combien vous êtes jaloux des marques que nous laissons dans la conscience politique de notre pays. Au-delà des passions, la marque que nous laissons est la marque de la tolérance, de la magnanimité, de la paix.


Soyez donc sans crainte… Un jour viendra. Ne baissez pas les bras… Un jour viendra. Gardons la ligne !
Ce jour viendra parce que nous constituons une chance pour le Bénin.
Le congrès de la REMONTADA est le congrès de l’espérance. Il ne reste pas grand monde de la génération qui a mis ce parti sur les fonts baptismaux. Je suis de cette génération-là.


Si je suis devant vous aujourd’hui à vous exhorter à poursuivre le combat, ce n’est pas à un savoir-faire que je le dois. Je le dois pour une bonne part à la Providence.
Certes, j’ai donné et beaucoup donné.
Mais j’ai aussi beaucoup reçu.
Je vous sais gré de l’affection, de l’estime et de la considération que vous m’avez toujours accordée. Sans vous, je ne me serais pas à chaque fois relevé après les coups reçus.
Il est temps que je me retire pour un repos auquel j’aspire du plus profond de mon être. Mais ce congrès n’est qu’un moment, une escale. Le bateau devra reprendre le large ; bientôt ; très bientôt. Pour affronter le mauvais temps ; entendre les chants des sirènes, côtoyer les récifs ; et pour survivre. Serais-je bien inspiré de rester à quai et de le regarder partir ? Et si je montais de nouveau à bord, aurais-je encore la force de tenir le gouvernail ?

Chers camarades,
Chers amis,
Je n’ai pas de réponses à ces questionnements, il vous appartient d’en décider.
Je vous remercie.
Je salue la présence de nos amis de la presse écrite et audiovisuelle venue couvrir cet évènement.
Je remercie, pour leur mobilisation, tous les responsables et membres des différentes instances, les délégués, les militants qui ont organisé ou suivi ce congrès.
Je déclare ouvert, ce jour 19 décembre 2021, les travaux du 5ème congrès ordinaire du PRD.
Vive le PRD,
Vive la démocratie,
Vive le Bénin.